Ils avaient constitué un large réseau de trafic de stupéfiants à Bohain-en-Vermandois

“L’aboutissement d’un long travail de fond et de procédure dans ce dossier de trafic de produits stupéfiants. La détermination et la persévérance du cabinet a permis d’obtenir la libération, à l’audience, de notre client. La peine de 4 années requise a été ramenée à 2 ans par le tribunal, sans maintien en détention.” Damien Legrand

Ils sont caristes, préparateur de commande, apprenti ou en recherche d’emploi et ces six hommes ont été interpellés dans le cadre d’une vaste enquête sur un trafic de stupéfiants opéré à Bohain-en-Vermandois. Mardi 16 mars, cinq d’entre eux ont comparu devant le tribunal correctionnel de Saint-Quentin.

Les investigations commencent en novembre 2016 dans le cadre d’une autre enquête. Un consommateur d’héroïne désigne Timmy Israel comme l’un de ses fournisseurs. Un an plus tard, un autre informateur indique que Guillaume Lemaire et Jonathan Flamant seraient aussi des vendeurs actifs. L’enquête se poursuit jusqu’en avril 2019 où une autre source, maillon du réseau, déroule un organigramme et un mode de fonctionnement aux forces de l’ordre. Qui procèdent un mois plus tard aux interpellations simultanées des trois suspects ainsi qu’à celles de Luciano Chrétien, désigné par la source comme l’un des fournisseurs auprès des clients, de Lahcen Aït Sidi Hammou et d’Abdallah Amezziane, tous deux présentés comme « les têtes de réseau ».

Qui a fait quoi et qui connaissait qui? L’audience n’aura pas permis de vérifier avec précision les faits, notamment en l’absence de chiffres sur les quantités précises de cocaïne et d’héroïne écoulées et les recettes engrangées par ces ventes.

«  Il est parfaitement établi un lien entre les six prévenus, des dizaines et des dizaines de consommateurs ont été auditionnés  », tranche Marianne Beyssac, procureur de la République. Qui, non sans ironie, trouve «  curieux que les contacts soient identiques  » parmi les nombreux téléphones saisis auprès des uns et des autres. Elle parle des SMS qui ne peuvent laisser place au doute: «  Des objectifs de vente par jour et par vendeur, 2 300 à 2 700€  ». Et de réclamer des peines allant de 2 à 5 ans d’emprisonnement avec confiscation des biens acquis grâce au trafic par les prévenus.

La parole de la source mise en doute

Tour à tour, leurs avocats s’emploient à démonter l’instruction. La défense de Jonathan Flamant et Luciano Chrétien rappelle que les deux ont déclaré ne pas se connaître. Le premier a admis vendre des produits pour solder ses crédits et subvenir aux besoins de sa famille, le second s’est aujourd’hui réinséré, à des centaines de kilomètres. L’avocate de Timmy Israel invite à tenir compte de l’âge – 18 ans – de son client au moment des faits : «  Il a toujours expliqué avoir vendu seul, sans lien avec un quelconque réseau.  » Conseil d’Abdallah Amezziane, Me Damien Legrand qualifie le dossier d’«  éloge du vide servi à vocation de preuve  ». Il met en doute la parole de la fameuse source «  qui dit fumer 20 joints par jour  » et rappelle que sur les 522 appels relevés sur les téléphones où apparaît l’ADN de son client, aucun ne le relie au fameux informateur. Me Jérôme Crépin, qui assiste Lahcen Aït Sidi Hammou, rappelle tout l’attirail du parfait dealer retrouvé au domicile de l’indic : «  Il a compris son intérêt de balancer pour se faire passer pour un garçon faible qui a peur de mon client.  »

Autant de plaidoiries qui trouvent un écho auprès du tribunal. Au terme d’une audience fleuve de 5h30 et près de 2 heures de réflexion, les peines prononcées sont moins sévères que celles requises. Abdallah Amezziane est condamné à 3 ans de prison dont 1 avec sursis, Luciano Chrétien à 2 ans et demi d’incarcération dont 1 an avec sursis, Lahcen Aït Sidi Hammou écope de 2 ans fermes tandis que Jonathan Flamant, Guillaume Lemaire et Timmy Israel sont tous trois condamnés à 2 ans de prison dont 1 an avec sursis.

Certains ayant déjà effectué une détention provisoire ne seront pas incarcérés, les autres verront leur peine aménagée par le port d’un bracelet électronique. Seul l’argent perçu et les stupéfiants saisis leur seront confisqués.

Ecrit par Julien Gris,

Publié le 16/03/21, voir l’article sur le site de L’Aisne Nouvelle