“Nouveau succès pour le cabinet, toujours à la pointe en matière de procédure!” Damien Legrand
L’affaire était rocambolesque, elle se termine en eau de boudin. Dans la nuit du 29 au 30 décembre, quatre individus ont été arrêtés par la police, soupçonnés d’une tentative de cambriolage dans un immeuble de la rue Jean-Sans-Peur, à Lille. Or, lors du procès qui a eu lieu début février au tribunal de Lille, toute la procédure a été annulée et les quatre suspects relaxés. Retour sur un fiasco judiciaire et policier.
Les quatre monte-en-l’air avaient visiblement bien préparé leur coup. Enfin presque. Dans la matinée du 29 décembre, deux inconnus se font passer pour des couvreurs venus réaliser des travaux sur un immeuble où habitent un couple d’octogénaires. La retraitée leur ouvre la porte et les « artisans » s’affairent à la tâche avant de repartir.
Faux serrurier
Déjà victime d’un vol par ruse, la dame âgée de 87 ans, découvre alors que ses clés ont été dérobées. Ni une, ni deux, elle fait venir un serrurier qui change le verrou dans l’après-midi. C’était sans compter l’opiniâtreté des voleurs. L’un d’eux recontacte la retraitée, prétextant être le fils du serrurier qui a besoin du nouveau trousseau. Le stratagème fonctionne et, dans la nuit, l’équipe revient pour s’emparer d’un coffre-fort.
Sauf que les cambrioleurs n’avaient pas tout prévu. Notamment que le fameux coffre-fort ne passait pas dans l’ascenseur. Ils se font cueillir par une patrouille de police en flagrant délit. Et c’est à ce moment-là que la procédure déraille.
Retard de 45 minutes
Les quatre suspects sont menottés vers minuit. Or, aucun des fonctionnaires de police n’a le réflexe de les placer en garde à vue, comme l’impose le code de procédure pénal. « Ils ne le seront que 45 minutes plus tard, sans que ce retard n’apparaisse justifié par les circonstances de l’interpellation, raconte l’avocat d’un des prévenus à 20 Minutes. Au contraire, les policiers ont mis ce temps à profit pour procéder à des constatations, recueillir des déclarations ou encore interroger des fichiers et prendre des photos. »
Une boulette que le juge n’a pas hésité à sanctionner lors de l’audience. Deux des prévenus avaient été placés en détention provisoire et les deux autres, sous contrôle judiciaire, le 31 décembre. Un mois plus tard, tout le monde est ressorti libre du tribunal sans que le fond du dossier n’ait été abordé.
« C’est extrêmement rare de voir une erreur de procédure aussi grossière, témoigne un avocat. A partir du moment où un suspect est menotté et privé de sa liberté, il doit être placé en garde à vue pour bénéficier des droits à se défendre. »
Ecrit par Gilles Durant,
Publié le 08/02/22, voir l’article complet sur le site du 20min.