“Deux années de prison de moins en appel devant la cour d’assises grâce à l’intervention du cabinet.” Damien Legrand
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Ce jeudi, à Saint-Omer, l’avocat général a demandé des peines différentes pour les deux accusés. Contrairement au premier procès devant la cour d’assises du Nord où il y avait eu les mêmes réquisitions (25 ans) et la même condamnation (20 ans), Laurent Szernik a distingué les rôles et les personnalités.
Contre Malik Aberkan, le chauffeur quasi inconnu de la justice, arrêté quelques heures après la fusillade, le magistrat a requis 20 ans. Contre Karim Barnoussi le tireur, dix-sept mentions au casier judiciaire, jugé en récidive légale, et parti en cavale pendant un an, il a requis 22 ans. Il a aussi demandé pour chacun, une peine de sûreté des deux tiers, et l’interdiction de paraître dans la région pendant dix ans. Au moment de plaider, Me Quentin Lebas fustigera ces réquisitions : « Ce sont des peines de meurtriers. Dans ce dossier, il n’y a pas de morts et ça change tout. »
« Une soif de vengeance »
Laurent Szernik a considéré les accusés comme coauteurs d’une tentative d’assassinat « car il n’y a pas de morts, c’est indépendant de leur volonté ». Il est revenu sur le motif futile d’un hamburger froid, à l’origine de la fusillade qui avait éclaté à l’aube du 11 avril 2016 devant un food truck, installé rue du Faisan, « en plein centre-ville ». L’avocat général choisit des mots durs : « Ils se sont comportés comme des frimeurs méprisants. » Il évoquera une rixe, leur départ précipité boulevard de Metz d’où ils reviennent armés d’une kalachnikov : « Un trajet de quinze minutes avec un dessein commun de passer à l’action », et la douzaine de tirs : « Dans une surenchère narcissique invraisemblable, ils ont assouvi leur soif de vengeance ».
Pour les avocats, il n’y a eu ni intention de tuer, ni préméditation. Me Lebas rappelle que Karim Barnoussi a d’abord tiré en l’air, manipulé bruyamment la culasse de l’arme : « Il a fait ce qu’il fallait pour que tout le monde se cache. Quand il tire, il n’y a plus personne dans sa ligne de mire. » Me Damien Legrand qui défend Malik Aberkan insiste sur l’absence de préméditation : « C’est un coup de sang, ils agissent à visage découvert et font tout pour qu’on sache que c’est eux. Tout montre la précipitation. La préméditation, c’est tout le contraire, la préparation calculée pour échapper à sa responsabilité pénale. »
Les accusés seront néanmoins condamnés pour tentative d’assassinat, le tireur à vingt ans de réclusion criminelle et le chauffeur, à dix-huit ans. Avec des peines de sûreté de douze et dix ans et, pour chacun, l’interdiction de paraître dans les Hauts-de-France pendant dix ans.
Ecrit par Chantal David
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