Drame du virage de la « Femme morte » : prison ferme et une impossible vérité

“Nous n’avons pas obtenu toute la vérité, mais nous nous sommes battus pour la justice. En mémoire d’Imane et au nom de sa famille, cette lourde condamnation, obtenue devant le tribunal correctionnel de Lyon, marque une étape indispensable dans la reconstruction des victimes, tout comme celle, à venir, de leur indemnisation. Le combat n’est pas terminé et la détermination reste intacte.” Damien Legrand

« J’allais trop vite, c’est la vraie vérité ». La vitesse c’est aussi, pour le ministère public, la cause principale de l’accident qui a causé la mort d’Imane le 4 juillet 2020 sur le périphérique Laurent-Bonnevay. La Peugeot 208 que conduisait le petit copain de la victime s’était engagée dans le virage dit « de la Femme morte » à Bron à une vitesse estimée à 120-130 km/h alors qu’elle y est limitée à 70 km/h en raison de sa dangerosité.

La voiture qui roulait sur la voie de gauche avait dérapé dans la courbe, percutant une glissière en béton à droite. Imane, passagère avant avait été éjectée sous la violence du choc. Elle avait 21 ans. Ni elle, ni le conducteur ne portait de ceinture de sécurité.

« Pour quelle raison ? », s’étonne la présidente qui questionne Turan Gül, un Villeurbannais de 24 ans jugé pour homicide involontaire. Réponse : « Je ne sais pas, je ne la mets jamais, je m’assois dessus ».

« Nous ne saurons jamais ce qui s’est passé »

Deux autres copains se trouvaient dans le véhicule cette nuit-là. Aucun n’assiste au procès. Turan Gül est seul ce mercredi pour affronter la colère froide du père d’Imane et de sa filleLa salle est vide alors qu’une partie de la famille de la victime avait médiatisé le drame qui les touchait.

«  Nous nous sommes battus pour cette procédure car nous voulions la vérité, s’insurge M e Damien Legrand pour la partie civile. Cette vérité, nous ne l’aurons pas, nous ne saurons jamais ce qui s’est passé ».

Dans cette 208 qui filait en direction de l’A43, l’ambiance était festive, chaque partie en convient. « On sait que plusieurs personnes ont pris de l’alcool, des stupéfiants, des gaz hilarants », souligne M e Julien Charle pour la défense. Tous ? Le prévenu est catégorique : il n’avait pas inhalé de protoxyde d’azote au volant. De l’alcool, un peu. Du cannabis, oui mais après, à l’hôpital, pour se calmer. Des ballons, non. Le téléphone ? Non, il ne l’avait pas en main.

L’accusation retient surtout qu’il conduisait sans permis, celui-ci ayant été annulé depuis un moment et qu’il avait été condamné à plusieurs reprises pour des infractions au Code de la route.

Maladroit dans l’élocution, mal à l’aise, Turan Gül bataille pour s’expliquer. « J’sais pas comment dire », répète-t-il plusieurs fois, j’ai pas les mots. » On doit lui répéter les questions. À son avocat, il lâche pendant une suspension : « Je ne comprends pas pourquoi on dit que je mens ».

Il a été condamné à 5 ans de prison dont 18 mois assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans. Il a interdiction de repasser le permis pendant dix ans. À l’issue de l’audience, il est retourné en détention sans mot dire.

Publié 08/09/2021, écrit par Annie Demontfaucon

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