Un mois après les faits, les chefs d’entreprise et leurs salariés installés dans des locaux de la SCI Triangle, rue de Bapaume, sont toujours sous le choc. Moussa Medj, propriétaire du site, a réuni une partie d’entre eux pour nous raconter cette matinée du 18 février. Une matinée que tous qualifient de « violente » et qui les a amenés à faire appel à un huissier de justice, Maître Lienart, puis à deux avocats : « Tout le monde travaillait, on est plus de 90 sur le site. Dans la matinée et sans que nous soyons prévenus, la police municipale, nationale, un élu de la ville ainsi que la société Enedis débarquent dans nos locaux. On nous a demandé d’accéder au système d’alimentation électrique du bâtiment. Ce que j’ai fait… Mais j’avoue avoir trouvé étrange que tout ce groupe puisse entrer sans protection dans un local aussi dangereux. Il faut être habilité normalement et être équipé pour accéder à un transformateur 20 000 Volts. Ils ont même été jusqu’à briser le cadenas du local ! » Une information qualifiée de mensongère par la ville représentée ce jour-là par Christophe Hancq. L’adjoint au maire, en charge des travaux, affirme n’être rentré à aucun moment dans ce local.
Moussa Medj va, toujours lors de cette intervention, interroger le groupe pour comprendre les motifs de cette visite. « Ils ont répondu que plusieurs employés au sein des différents établissements pourraient être armés de fusils, ce qui justifiait leur présence pour sécuriser l’opération », dit-il. Des propos que Christophe Hancq affirme encore une fois n’avoir jamais entendus.
De son côté, Enedis explique que cette intervention avait un seul but : vérifier le réseau électrique notamment après une suspicion de rétrocession* : « La mairie de Lys-lez-Lannoy nous a alertés suite à une suspicion d’installation électrique dangereuse de ce bâtiment (…) Pour ce faire, la mairie, craignant pour la sécurité des intervenants, a décidé de nous accompagner après avoir fait appel à l’assistance de la force publique pour mener à bien cette intervention. » Une information confirmée par les services de la police nationale : « Cela rentre dans le cadre d’une assistance à un professionnel, tout simplement. Cela n’était absolument pas dans un cadre judiciaire. »
Mais pour l’avocat de la SCI Triangle, Maître Camille Desbouis, la méthode d’intervention reste confuse. « On a saisi le procureur pour une demande d’investigation. Nous avons besoin d’en savoir plus. Car j’ai moi-même depuis plusieurs années adressé des courriers à la ville et à Enedis pour nous mettre en conformité. Je n’ai jamais eu de réponse de leur part. Ce n’est pas sérieux… » L’avocat des entreprises, Maître Damien Legrand, a également saisi le procureur, « si cela est nécessaire, elles déposeront plainte par la suite ».
Ecrit par Aurélie Jobard,
Publié le 18/03/21, voir l’article sur le site de La Voix du Nord.