“Le cabinet assiste devant le tribunal correctionnel ce chef d’entreprise, aujourd’hui constitué partie civile, et encore profondément traumatisé par la séquestration dont il a été victime. Une affaire qui aurait très bien pu être examinée par la cour d’assises, compte tenu de la gravité des faits.” Damien Legrand
Ils ont échappé de peu à la cour d’assises, parce que leur victime souhaitait avant tout « que l’histoire se termine vite ». Un père de famille de 40 ans, autoentrepreneur dans le bâtiment, et son beau-fils de 25 ans comparaissent ce mardi 16 mars devant le tribunal correctionnel de Béthune (Pas-de-Calais) pour « enlèvement et séquestration avec libération volontaire avant le septième jour » et « vols avec violence ».
En réalité, l’otage, un chef d’entreprise du Nord qui avait été saucissonné de scotch et gardé prisonnier dans un garage de Liévin (Pas-de-Calais), après son enlèvement à Templeuve (Belgique), était parvenu à se libérer seul, grâce à un clou, et à s’échapper. « Il est toujours profondément traumatisé par la violence de l’agression et le fait d’avoir été pris pour cible, rapporte son avocat, Me Damien Legrand, d’autant qu’il ne sait pas ce qu’il se serait passé s’il n’avait pas réussi à s’enfuir. »
Retrouvé en état de choc, le visage ensanglanté
L’affaire débute le 10 janvier 2018, lorsque les policiers de Liévin, alertés par son coup de fil, retrouvent sur un rond-point un homme en état de choc, le visage ensanglanté et tuméfié, le nez cassé, avec au poignet un reste de lien. Ce chef d’entreprise du Nord, dont la boutique se trouve à Templeuve (Belgique), relate que deux hommes cagoulés ont débarqué dans son commerce en lui réclamant de l’argent. Il dit avoir été frappé, menacé de mort puis attaché et transporté dans son propre véhicule avec un sac plastique sur la tête. Conduit dans un garage, il est en sus ligoté et enrubanné de scotch, contraint de livrer cartes bancaires et codes, dépouillé de sa montre, de son téléphone, et sa voiture est volée. Il affirme avoir reconnu en l’un de ses agresseurs un ancien sous-traitant.
L’enquête conduit très vite au suspect, qui, se sachant recherché, se présente au commissariat deux jours plus tard. En garde à vue, ce père de trois enfants minimise les faits. Il reconnaît s’être énervé et avoir frappé le commerçant car celui-ci, explique-t-il, lui doit 45 000 euros pour des chantiers impayés – le litige porterait aussi sur un projet d’association ayant capoté. Il finit par dénoncer son complice présumé, qui n’est autre que son beau-fils. L’un comme l’autre, que les gendarmes signalent avoir aperçu six jours auparavant près du domicile de leur victime, contestent l’enlèvement. Durant l’instruction, ils finiront par admettre avoir porté des coups au chef d’entreprise, avoir dérobé ses effets personnels, l’avoir attaché et lui avoir bandé la tête et les yeux dans le garage.
Les deux ravisseurs présumés, jugés en état de récidive légale en raison de précédentes condamnations, encourent vingt ans de prison.
Ecrit par Pascale Egré,
Publié le 16/03/21, voir l’article sur le site du Parisien.